The Queen
Présenté en compétition officielle lors de la 63e Mostra de Venise, « The Queen » de Stephen Frears a remporté le prix d’interprétation pour la performance exceptionnelle d’Helen Mirren, ainsi que le prix du meilleur scénario pour Peter Morgan.
L’histoire mise en scène se passe juste après la mort de Lady Di. L’Angleterre vient d’élire son nouveau Premier Ministre, Tony Blair, et pleure la mort de la « princesse du peuple ». Mais un autre élément vient fragiliser encore plus le royaume : le mutisme absolu des Windsor. Elizabeth II et son entourage se terre à Balmoral en Ecosse alors que tout le pays a plus que besoin d’elle. Entre héritage, valeurs, décence et pression de l’opinion publique, le monde tel que la reine Elizabeth II le connaissait a changé et semble lui échapper.
Remarquablement bien écrit par Peter Morgan et dirigé par Stephen Frears, « The Queen » est une analyse historique et sociale d’un héritage culturel suranné mais encore très présent dans le cœur des Anglais. Sans jamais basculer dans la facilité ni la dramaturgie, le réalisateur anglais n’abuse pas non plus des images d’archives et des effets larmoyants pour mettre en scène une histoire qui tienne la route. Il a même le culot de nous faire rire !
L’ensemble est tenu par un casting exceptionnel, Helen Mirren en tête. Glaciale, elle transcende son rôle et atteint un mimétisme presque effrayant de talent. Pour lui donner la réplique, Michael Sheen campe à merveille Tony Blair tandis que l’énorme James Cromwell et Alex Jennings incarnent respectivement le Prince Philipp et le Prince Charles. Petit clin d’œil à la « granny » Sylvia Symps, touche d’humour récurrente quand elle joue les mamies rigolotes qui carbure au sherry !
Incroyablement bien écrit et documenté, le film s’écoule sans fausse note et distille ses images aux décors et cadres somptueux. Ponctué de belles métaphores, le long-métrage a surtout comme ambition d’essayer de nous mettre à la place de ces individus à part, emprisonné dans les traditions et l’Etiquette, sans jamais vouloir se poser comme porte-parole des antiroyalistes. Il est d’ailleurs plutôt question de la responsabilité des médias que d’autre chose.
Sobre, concis, efficace, intelligent, bien écrit et remarquablement interprété, « The Queen » est tout sauf un objet de curiosité. C’est un film subtil à recommander à tous !