King Kong
La version de « King Kong » de 1933, réalisée par Cooper et Schoedsack, est le premier film parlant réalisé avec des effets spéciaux. Œuvre cinématographique incontournable, « King Kong » est la quintessence du film de monstres qui a bercé mon enfance ainsi que celle de millions de spectateurs. L’un des premiers mythes de l’histoire du cinéma bénéficie aujourd’hui d’un second remake, après celui de 1976, plus de soixante dix ans après sa sortie originale.
Actrice au chômage aux pires moments de la récession américaine, Ann Darrow (Naomi Watts) est engagée par le réalisateur Carl Denham (Jack Black) pour être la vedette de son prochain film sans qu’il lui en dise beaucoup plus dessus. Ils embarquent sur le Venture, le navire du Capitaine Englehorn (Thomas Kretschmann), avec Jack Driscoll (Andrien Brody), scénariste malgré lui du projet. Il se dirigent vers « Skull Island », île mystérieuse et perdue où ils tombent sur des indigènes des plus agressifs qui enlèvent et offrent en sacrifice la belle Ann Darrow au roi de l’île : Kong.
S’il y avait une crainte à voir la poésie de l’original disparaître avec ce Kong numérique, tous mes doutes se sont envolés au fur et à mesure du film. Peter Jackson prend le temps d’installer ses personnages, son contexte, et ses scènes d’action spectaculaires, sans toutefois oublier de distiller magistralement ça et là de purs moments d’émotion. Le rythme du film est ainsi remarquablement équilibré, proposant d’intenses moments d’actions et des instants poétiques et tendres (couchers de soleil, lac gelé de Central Park). Il faut noter aussi la volonté de Peter Jackson de distiller de vrais moments d’humour, que ce soit du second degré complètement assumé ou de l’humour noir des plus monstrueux.
Avec les années, le film ne perd toujours pas de sa portée. On est évidemment confronté au mythe de la Belle et la Bête, mais le long-métrage met également en avant la bêtise de l’Homme, son caractère maléfique et destructeur. Ainsi, il y a une espèce de transfert vers une humanisation de la Bête et une métamorphose monstrueuse de l’Homme. Plusieurs scènes mettent en avant la folie destructrice de l’être humain, qu’elle soit systématique ou ponctuelle. La Bête est peut-être plus primitive, mais c’est elle qui est la plus touchante, la plus juste, la plus humaine. Elle est tout aussi effrayante que touchante, d’où l’importance de trouver une forte interprétation dans ses yeux, dans son regard.
En plus de jouer sur humanité et animalité, le mythe « King Kong », à l’instar de « La Belle et le Bête » de Cocteau, distille un formidable message d’amour et traite remarquablement bien de la différence. Tous ces éléments rhétoriques auraient très bien pu passer à la trappe dans ce qui nous a été fallacieusement présenté comme un énième blockbuster. Heureusement, Peter Jackson demeure très fidèle à l’œuvre originale, malgré quelques petites différences louables. Oubliez ainsi toutes les scènes spectaculaires qui, si elles sont évidemment jouissives et hystériques, ne reflètent pas à sa juste valeur la densité du film. En plus de sa poésie sous-jacente, le long-métrage de Peter Jackson regorge de brèches rhétoriques qui glissent des mots d’auteur forts sur des thèmes importants (industrie du cinéma hollywoodien notamment).
Au delà de ma volonté d’intellectualiser « King Kong » pour lui donner encore plus de légitimité, il faut aussi admettre qu’il s’agit par moments d’un pur film de détente, avec un nombre incalculable de scènes à vocation spectaculaire. Oubliez les quelques images vues et revues dans les bandes-annonces : les scènes d’action sont longues, soignées et surprenantes. Le bestaire de l’île est très dense et va bien au-delà de Kong et d’un T-Rex. Dites-vous bien que vous n’allez pas voir un « Jurassic Park » bis, mais bien un film unique, où la virtuosité technique du réalisateur et du studio responsable des effets spéciaux ne font plus aucun doute. Il faut tout de même dire que plusieurs ellipse temporelle salvatrice pour la durée du film font toutefois fi de plusieurs questions laissées en suspend, laissant parfois penser que le scénario est ponctuellement bancal.
En plus de la virtuosité technique, il est important de revenir sur le plaisir scopique indéniable que procure le film. Les effets spéciaux sont aussi incroyables que variés, et les séquences tournées dans un New-York numérique des années 30 frôlent la perfection visuelle. La mise en scène est remarquable : chaque plan est sublime, le cinémascope est un régal, et les comédiens sont très bien mis en avant. La musique sublime de l’expérimenté James Newton Howard vient parachever le chef d’œuvre.
Mais « King Kong » ne serait rien sans un casting irréprochable. C’est une nouvelle fois le cas avec la magnifique Naomi Watts qui campe une Belle attendrissante, drôle et très humaine. Adrien Brody est étonnamment à l’aise dans son rôle d’auteur amoureux, plein d’empathie et de sens du sacrifice. Un beau rôle servi par une gueule à part dans le paysage cinématographique. Jack Black tient enfin un rôle qui le fera connaître du grand public, tout en nuance et en finesse. Les seconds rôles ne sont pas en reste avec les interprétations remarquables de Thomas Kretschmann, vu notamment dans « Immortel » d’Enki Bilal, et surtout de Jamie Bell, le génial gamin de « Billy Elliott ». Mais la vraie star du film, c’est avant tout Kong, incarné par le brillant Andy Serkis qui après avoir été le schizophrène Gollum dans « Le Seigneur des Anneaux », ajoute à son CV le rôle de la créature la plus implacable jamais imaginée par l’Homme. Il authentifie toute l’humanité de la créature avec son regard, et en même temps transcende toutes les mimiques simiesques de la nature. Une grande prestation.
« King Kong » est indispensable à voir. Peter Jackson a réussi le pari fou de maintenir la même dimension poétique que dans l’original tout en proposant un divertissement dense et soigné. Les trois heures du film passent toutes seules, et le spectateur attentif se délectera de la poésie des images et des mots d’auteurs distribués par Peter Jackson. Abordant des thèmes très fort, le mythe de « King Kong » est toujours aussi pertinent aujourd’hui que lors de sa sortie.
Pff ..si le casting a une erreur et de taille:Naomi Watts! Elle balade son déshabillé de soie, ses candides yeux bleus écarquillés et ,last but not least, sa bouche perpétuellement entrouverte sur ses jolies quenottes.. pendant plus de trois heures: quite boring! N'importe quel ptérodactyle bubonneux a plus de charme, de présence.
Marie
9:52 PM
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