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Les émeutes de LA en 1992, suite à l’affaire Rodney King, ont durablement marqué les esprits et l’Histoire des Etats-Unis. Comme en réponse à cette débauche de violence, un membre de la communauté afro-américaine, Tommy the Clown, va être le précurseur d’un mouvement artistique révolutionnaire : le krump. Prenant ses racines dans les danses tribales africaines, le krump va permettre à beaucoup de jeunes de canaliser leur énergie et leur rage, tout en les éloignant des gangs.
Le documentaire de Denis Lachapelle éblouit part son authenticité et la force qu’il dégage. Il montre une génération entière exclue du rêve américain et qui refuse de céder à la facilité de la violence, des règlements de compte et des trafics.
Enchaînant adroitement interviews, instants du quotidien et scènes de danse ahurissantes, le documentaire d’1h25 s’écoule avec une fluidité déconcertante. On reste sans voix devant la vitesse d’exécution des différents mouvements de ces danseurs qui ont choisit comme échappatoire une forme ultra contemporaine d’expression artistique plutôt que la drogue et les armes.
Toutefois, on peut nourrir certains regrets, surtout sur la forme. Les qualités artistiques et esthétiques de cette danse nourrissent notre curiosité, au point de nous laisser sur notre faim. Par ailleurs, la sublime scène finale peut nous faire regretter la qualité plutôt médiocre de l’image et des prises de vue.
Si Denis Lachapelle ne maîtrise pas complètement son sujet, sa fascination est communicative et le relatif chaos narratif finit par s’estomper, devant les incroyables qualités de tous ces jeunes gens. Au spectateur maintenant d’être intéressé par la culture urbaine, le hip-hop et la danse, au risque de passer complètement à côté d’un documentaire dont la portée dépasse largement l’anecdote.