Alors que la glorieuse période hongkongaise de John Woo semble désespérément lointaine, « Infernal Affairs » sort enfin en France et annonce brillamment le renouveau (on l’espère) du cinéma d’action asiatique. Son triomphe à Hongkong et au festival du film policier de Cognac sont d’ailleurs amplement mérités tant le polar du duo Andrew Leu et Alan Mak est ensorcelant.
L’histoire raconte le bras de fer psychologique entre Ming, une taupe infiltrée dans la police travaillant pour les triades, et Yan, un policier ayant réussi à intégrer un gang. Alors que le premier veut rompre ses liens avec la pègre, le second veut quitter le milieu et retrouver son identité de policier. Un duel infernal va les opposés lorsque leurs chemins se croiseront.
Avec ses scènes de nuits magnifiques, la densité de son scénario et une tension psychologique exceptionnelle, « Infernal Affairs » fait immédiatement écho aux films de Michael Mann, réalisateur de « Heat » dont le nouveau film, « Collateral », sort le 29 septembre. Le suspense est au rendez-vous et jusqu’à la dernière seconde, le rythme est infernal tout au long des 1h37 que dure le long-métrage. Les réalisateurs hongkongais plongent le spectateur dans un univers obscur où cette lutte schizophrénique et existentialiste prend une dimension captivante.
La mise en scène glaciale, les couleurs sublimes et un montage efficace contribuent à créer une ambiance unique et font oublier aux spectateurs la simplicité grandiose du scénario et les quelques scènes parfaitement inutiles. Le duel psychologique prend également une dimension anthologique grâce à ses interprètes : l’immense Tony Leung (« In the mood for love », « Hero », et « A toute épreuve » entre autres) affronte le fabuleux Andy Lau (« Fulltime killer) dans un bras de fer mémorable au pays des triades. Il ne manquait à ce film qu’une scène de fusillade épique pour faire de « Infernal Affairs » un film culte.
Un scénario simple mais efficace, un casting exceptionnel, une réalisation remarquable et une ambiance extraordinaire font de « Infernal Affairs » un excellent exercice de style dans la plus pure tradition hongkongaise qu’il est indispensable de voir en attendant le nouveau long-métrage de Michael Mann.