M. Night Shyamalan s’est rendu célèbre grâce à l’incontournable « 6e sens ». Après deux autres films plus ou moins bien accueillis (parfois à juste titre), sort aujourd’hui 18 août « le Village » qui raconte l’histoire d’une petite communauté isolée à la fin du XIXe siècle et cernée par des bois où vivent des créatures. Les villageois ne s’aventurent pas dans la forêt, les créatures ne viennent pas dans le village. Pourtant, Lucius Hunt ne semble pas aussi effrayé que les autres habitants et veut aller au-delà des limites du village en dépit des règles établies de la communauté.
La première chose à savoir sur le dernier long-métrage de M. Night Shyamalan est qu’il a été fallacieusement vendu comme un film d’horreur alors que finalement il ne s’y passe pas grand-chose d’effrayant. Les thèmes abordés tournent plutôt autour de l’isolement, de la peur mais surtout de l’amour, seul sentiment semblant pouvoir sortir l’humanité des méandres de la terreur. Politique, le film l’est également avec sa description d’une Amérique ancestrale et ses réflexions post 11 septembre sur la peur des autres.
Magistralement mis en scène avec des couleurs magnifiques, des décors remarquables et une photo sublime, « le village » est une œuvre forte et émouvante qui prouve une fois de plus le talent indéniable du réalisateur. Porté par un casting exceptionnel, le film mérite amplement d’être vu pour ses interprètes : Joaquin Phoenix et William Hurt sont magistraux, Adrien Brody, Sigourney Weaver et Brendan Gleeson complètent un casting d’exception. Mais c’est surtout l’interprétation de Bryce Dallas Howard que l’on retiendra pour sa première apparition cinématographique, toute en délicatesse et émotion. La belle et délicate fille de Ron Howard a beaucoup de talent et j’espère la retrouver bien vite ! (elle tourne dans le prochain Lars Von Trier). Néanmoins, le film souffre de pesantes longueurs, surtout au début, et d'une accumulation de scènes inutiles qui alourdissent la narration.
« Le village » est au final un coup de bluff, encore un. Pourtant, à mi chemin entre Burton et Hitchcock, le dernier long-métrage de M. Night Shyamalan (qui joue encore une fois un petit rôle dans son propre film) est une magnifique œuvre intime et émouvante superbement mise en scène. Porté par des comédiens époustouflants et une réalisation irréprochable, « le village » de M. Night Shyamalan est fascinant et entêtant grâce à son scénario étonnant même si le retournement de situation final (encore et toujours) peut être facilement anticipé.