Documentaire - décidement - français de Raymond Depardon, "10e chambre - instants d'audiences" plonge le spectateur dans l'univers traditionnellement très fermé de la justice. Le film ne dure qu'1h45 mais il tient de l'épure, tant il semble que le réalisateur ait grossièrement taillé à la serpe un univers que l'on imagne colossal. Filmées en 2003, les "scènes" qui se succèdent illustrent le quotidien des tribunaux français : 12 affaires, 12 tranches de vie d'hommes et de femmes qui se sont un jour retrouvés devant la justice.
Parfois drôle, parfois triste et dérangeant, le documentaire enchaîne brutalement les affaires, instaurant ainsi un rythme soutenu. On ne sait plus où se situe l'injustice, la mauvaise foi et la culpabilité des uns et des autres. L'angoisse ou les a pariori de ceux qui comparaissent est déstabilisant, et ce reflet de la société est souvent des plus troublant. Le réalisateur se fait discret, on ne sait donc plus s'il faut rire ou pleurer, s'il faut se révolter contre la machine implacable de la justice ou laisser faire. Et c'est sûrement là que réside la plus grande force du film : c'est au spectateur de créer sa vérité.