Assaut sur le Central 13
En réalisant « Assaut sur le Central 13 », Jean-Francois Richet quitte les banlieues parisiennes de « Ma 6-T va crack-er » et de « De l’amour » pour mettre en scène une typique série B américaine, le talent en plus. S’il tient moins bien la route que son illustre prédécesseur, « Assaut » de Carpenter, le long-métrage de Richet demeure cinématographiquement mineur mais ponctuellement grisant.
Le Central 13, dans lequel le sergent Roenick (Ethan Hawke) vit avec le poids de la culpabilité, connaît ses dernières heures sous la neige en ce 31 décembre 2004. Dans le même temps, le criminel le plus recherché de la pègre, Marion Bishop (Laurence Fishburne), est arrêté. Alors qu’il est transféré dans un autre établissement, la tempête de neige qui s’abat sur la région contraint le convoi de prisonniers à faire halte au Central 13. C’est l’occasion rêvée pour Marcus DuVall (Gabriel Byrne), officier de police ripoux et mêlé à de sombres trafics, de faire taire le seul témoin qui pourrait le faire chuter lui et toute sa brigade : Marion Bishop. Les policiers du Central 13 et les criminels vont devoir faire équipe pour lutter contre les moyens démesurés qu’emploient les hommes de Marcus DuVall.
Si le scénario de ce remake est incontestablement plus conventionnel et creux que l’original, le film de Richet demeure indubitablement bien fait. En allongeant la durée de 20 minutes, il prend le temps de densifier ses personnages (la scène d’ouverture) au détriment de la surenchère pyrotechnique. Le résultat ? Un long-métrage pas trop hystérique, pas trop chaotique, doté de belles images mais qui perd de vue la folie de l’original.
« Assaut sur le Central 13 » n’est ni une démonstration technique ni un exercice de style. Richet s’amuse beaucoup derrière la caméra et parvient à mettre en scène des moments vraiment angoissant, malheureusement entachés par quelques scènes ridicules. L’ensemble est soutenu par une bonne ambiance et une musique de circonstance (grande déception : pas de reprise du thème original). Dommage par contre que les ennemis de ce remake soient moins inquiétants que ceux de l’originaux : une trentaine de flics méthodiques font moins trembler qu’une horde sanguinaires de loubards sans but.
Pour asseoir un succès, la meilleure des garanties réside le plus souvent dans un casting réussi. « Assaut sur le Central 13 » ne déroge pas à la règle et pourrait même servir d’exemple avec ses interprètes éprouvés. Ethan Hawke incarne le sergent Roenick, personnage torturé, rongé par la culpabilité, qui cherche à oublier un passé douloureux dans l’alcool et les anti-dépresseurs. Si sa scène d’ouverture est hallucinante, le reste de sa prestation est en dent de scie mais demeure au final tout à fait correcte. Laurence Fishburne, bedonnant, incarne avec classe un gangster ô combien létal, Marion Bishop. Charismatique au possible, il est plutôt crédible et se prend beaucoup moins au sérieux par rapport à « Matrix ». Gabriel Byrne enfin, vient compléter ce triptyque de stars et signe une performance inquiétante et glaciale… admirable ! Les seconds rôles ne sont pas en reste avec les excellents John Leguizamo, Drea de Matteo et… Ja Rule, qui ferait mieux de retourner au hip-hop (quoique).
« Assaut sur le Central 13 » n’est donc pas aussi médiocre qu’on pouvait l’imaginer. Doté d’un casting solide et expérimenté, d’une bonne épaisseur des personnages, d’une réalisation très correcte, il ne souffre en réalité que d’une inconsistance agaçante au niveau du fond. Bien entendu, il ne peut rivaliser avec son glorieux aîné, mais pour celles et ceux qui ne le connaissent pas, il se suffit amplement à lui-même.