Le vieux jardin
Hyun-woo redevient libre après 17 ans d’emprisonnement. Alors qu’il découvre à nouveau son pays, ses souvenirs de jeunesse lui reviennent ainsi que les circonstances de son arrestation. Au début des années 80, suite au coup d’état ayant entraîné la mort du président tyrannique Park Chunghee en 1979, un vent de liberté s’empare de la population civile. Les manifestations sont durement réprimandées par l’armée et les meneurs envoyés en prison. Hyun-woo fuit les rafles et trouve refuge auprès de Yoon-hee, une jeune et belle institutrice. Entre eux va naître une histoire d’amour passionnée, mais Hyun-woo va finalement faire le choix de retourner à ses activités politiques. Capturé dès son retour à Séoul, sa sortie de prison lui rappelle les souvenirs de Yoon-hee et les moments heureux qu’ils ont partagé.
Réalisateur de l’excellent « President’s last bang », Im Sang-soo traite à nouveau du passé de son pays avec cette très belle histoire d’amour sur fond politique. Cinéaste contemplatif, Im Sang-soo pose sa caméra et filme la vie d’un homme bisé, hanté par la culpabilité et la raison de ses choix. Si la rhétorique du film pose l’amour comme la plus grande force sur cette terre, Im Sang-soo profite aussi de son long-métrage pour nous parler de déracinement, de choc culturel, de désorientation.
En outre, le réalisateur possède un véritable art filmique et nous gratifie de plans parfois anodins, parfois sublimes, où la mise en scène existe vraiment et où elle joue un rôle à part entière. Tourné en format Scope, le film est aussi un vrai plaisir visuel malheureusement encroûté un tantinet par un montage quelque peu maladroit. Il subsiste également quelques déchets filmiques qui transparaissent devant l’accumulation de scènes inutiles au récit.
En dépit de ces défauts mineurs, « le vieux jardin » éblouit de sa classe la pauvreté cinématographique actuelle. Servi par une paire de comédiens en état de grâce (Jin-hee Ji et Yum Jung-ah), le film distille brillamment toute une série de sentiments contradictoires et ne bascule jamais dans une mélancolie mièvre et facile. Les émotions sont nuancées mais au rendez-vous.
« Le vieux jardin » est somme toute un long-métrage réussi qui confirme tout le talent de son réalisateur Im Sang-soo.